À l’automne, le Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK) organisait la première rétrospective de l’artiste roumaine Geta Brătescu (1926) à lui être consacrée en Belgique. L’exposition, qui soulignait l’exceptionnelle diversité de l’œuvre de l’artiste de 91 ans, s’articulait autour de l’atelier comme espace de performance, de contemplation et de critique. L’exposition offrait une occasion unique d’apprécier la pleine ampleur de l’œuvre encore méconnue de Brătescu et d’approfondir certains de ses domaines d’intérêt.
Cinq décennies d’autoréflexion
À partir des années 1960, Brătescu explore diverses techniques: dessin, couture, gravure, performance, cinéma et installation. Elle considère l’atelier comme un espace de dématérialisation servant à se redéfinir soi-même et soulevant des questions quant à l’identité de soi.
Son traitement des thèmes tels que l’éthique, la féminité et la maternité traduit son intérêt pour la littérature et la mythologie, notamment Ésope, Faust et Médée. Sous le régime totalitaire de Nicolae Ceauçescu, son atelier devient un espace marginal mais protégé, un refuge où elle produit et vit son art au quotidien.
Expérimentation et précision
Définitions et mesures sont à la base des reconfigurations matérielles de Brătescu, documentant le mouvement de ses mains et la disparition/dissimulation de son image. Malgré le caractère organique de ses œuvres, son approche demeure résolument rigoureuse. Ces collages ne doivent rien au hasard.
En donnant à ces « vestiges » une place de choix dans son œuvre, elle les porte vers de nouveaux sommets. Elle compare sa démarche à « la sanctification des détritus ».
Reconnaissance et première exposition monographique
Brătescu atteint une reconnaissance internationale au cours des dernières années grâce à sa participation à de grandes manifestations artistiques – Biennale d’Istanbul (2010), Triennale de Paris (2012) et Biennale de Venise (2013) – et à l’acquisition de ses œuvres par plusieurs grandes collections. L’exposition organisée par le Musée des Beaux-Arts de Gand était la quatrième rétrospective à lui être consacrée à l’extérieur de sa Roumanie natale et la première en Belgique.
Un atelier à sa soi s’articulait autour de l’atelier en tant qu’espace de performance, de contemplation et de critique favorisant la réflexion de l’artiste sur sa place dans le monde.