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Restauration de l’Agneau mystique

Exposition
02.05.23 – 01.03.26

20230705 MSK Restauratie III Lam Gods c Martin Corlazzoli COR01836 LR

À partir de 2023, 7 panneaux du retable de l’Agneau mystique seront restaurés au cœur du MSK. Vous avez déjà pu suivre la campagne de 2012 à 2019, ce sont à présent les panneaux restants qui déménagent au musée pour la dernière phase de restauration. Pendant la semaine, vous pouvez voir les restaurateurs de l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA) travailler en direct derrière la vitre de l’atelier. Le week-end, les panneaux sont disposés de manière à ce que les visiteurs puissent les voir.

La première phase de la restauration s’est achevée fin 2016, la deuxième phase fin 2019. Les volets extérieurs restaurés et les cinq panneaux du registre inférieur du retable sont alors retournés au centre des visiteurs de la cathédrale Saint-Bavon, où ils sont toujours exposés.

Pour la troisième phase de restauration, le registre supérieur de l’intérieur du retable a été transféré au musée. Les trois panneaux centraux – la Vierge trônant, Dieu trônant et saint Jean-Baptiste trônant – et les volets latéraux avec Adam et Ève et les anges chanteurs et musiciens seront visibles au MSK. Cette dernière phase de la restauration durera jusqu’en 2026.

En dépit du caractère public de la restauration – les visiteurs peuvent voir les restaurateurs travailler derrière une paroi vitrée dans le musée – la présence des restaurateurs n’est pas permanente. Outre la restauration proprement dite, ceux-ci effectuent en effet en coulisse des recherches scientifiques dont les résultats seront publiés ultérieurement ou sont présentés au public du musée à certaines occasions.

Au fil des siècles, l’Agneau mystique a subi différents traitements conservatoires. D’après l’historien gantois du XVIe siècle Marcus van Vaernewyck, la prédelle (la partie inférieure du retable), qui représentait l’Enfer, a été détruite à cause d’un nettoyage intempestif. Les peintres Lanceloot Blondeel et Jan van Scorel auraient effectué une restauration vers 1550. Depuis lors, presque chaque génération est intervenue sur le retable, avec comme résultat d’épaisses couches de vernis et d’innombrables surpeints.

Lors d’une intervention d’urgence en 2010, l’état de conservation structurel du tableau a été étudié. La Getty Foundation de Los Angeles a apporté son soutien à cette campagne et à la constitution d’une documentation scientifique détaillée qui est consultable sur le site internet closertovaneyck.kikirpa.be. La nécessité d’un examen plus poussé et d’une conservation en profondeur est également apparue à ce moment-là. Ce constat a été le point de départ de la campagne actuelle et de la conservation à long terme de l’œuvre.

La restauration a été confiée à l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA). L’examen de l’état des couches de vernis et des couches picturales a été effectué par les restaurateurs en collaboration avec des scientifiques. Des échantillons microscopiques de matière picturale ont été analysés dans les laboratoires de l’IRPA. Pour compléter les observations des restaurateurs, on a fait appel à des technologies de pointe telles que le scanner macro-XRF mis au point par l’université d’Anvers, qui est capable de confirmer la présence de surpeints et d’évaluer l’état de la couche picturale originale. Le microscope 3D de l’université de Gand fournit quant à lui des informations sur l’épaisseur des surpeints, leur texture et leur composition.

Parallèlement à la restauration, différents projets de recherche sont menés à l’IRPA, à l’université de Gand et à l’université d’Anvers : ils doivent fournir de nouvelles informations sur l’histoire de l’évolution du tableau et sur sa condition. Ces éléments doivent contribuer à une meilleure compréhension de la signification de cette œuvre aussi complexe que fascinante, qui, près de six siècles après sa réalisation, n’a toujours pas livré tous ses secrets. Jusqu’à aujourd’hui, le pouvoir d’attraction qu’elle exerce sur les spécialistes comme sur les amateurs est resté intact.

Pendant la première phase, les volets extérieurs ont été débarrassés de plusieurs couches de vernis craquelées et jaunies. Les couches picturales qui s’étaient détachées ont par ailleurs été refixées. Mais le constat le plus étonnant qui a été fait à ce moment-là était que près 70 % de la surface totale du retable avait été repeinte et n’était donc pas de la main de Van Eyck. Ces surpeints avaient probablement été appliqués par Van Scorel et Blondeel pour cacher des dégradations, des couches de vernis sales et des restaurations antérieures ratées. Finalement, ces surpeints ont été enlevés, notamment sur le mur en dessous de l’appui de fenêtre dans l’Annonciation et sur les habits de Joos Vijd, d’Élisabeth Borluut et de la Sibylle d’Érythrée. La couche picturale originale s’est avérée être en assez bon état. Les lacunes découvertes ont été comblées dans le plus grand respect de la matière originale. La magnificence des couleurs originales est ainsi redevenue visible. Le rendu détaillé des textures, qui fait depuis toujours la réputation de Van Eyck, est lui aussi réapparu. Autre élément important : l’effet de profondeur ainsi récupéré, qui renforce la tridimensionnalité des figures. Grâce à la restauration des cadres originaux, nous redécouvrons une structure de pierres peintes en trompe-l’œil et les ombres des cadres suggérées sur les panneaux redeviennent visibles. Nous percevons ainsi mieux comment cet espace illusionniste a été conçu par Van Eyck. Et, comme il sied à une restauration moderne, l’ajout de matériaux est réversible et toutes les interventions sont minutieusement documentées.

La deuxième phase du projet portait sur la restauration du registre inférieur des panneaux de la face intérieure du retable : le panneau central avec l’Adoration de l’Agneau mystique, les Chevaliers du Christ, les Ermites et Pèlerins. La copie du panneau des Juges intègres ne faisait pas partie du projet, puisqu’elle a déjà été traitée en 2010. Pendant cette phase, les restaurateurs ont également enlevé divers surpeints afin de dévoiler le travail époustouflant des frères Van Eyck. Le grand moment a incontestablement été celui où le visage de l’Agneau original est apparu. Ses grands yeux au regard fixe, disposés de face, qui font penser à un visage humain, ont stupéfié le monde.

La phase actuelle, la troisième et dernière, se concentre sur le registre supérieur avec les figures trônant de Dieu, la Vierge Marie et saint Jean-Baptiste, les anges chanteurs et musiciens et Adam et Ève. Il ne fait aucun doute qu’il y a ici aussi des surpeints, qui doivent de préférence être enlevés. De nouveaux défis attendent par ailleurs les restaurateurs, comme le traitement des zones extrêmement fragiles d’imitations de brocart en relief à l’étain sur les trônes, ainsi que la polychromie sur argent et or. La restauration devrait être terminée en avril 2026. Le polyptyque entièrement restauré sera ensuite à nouveau exposé dans la chapelle du Saint Sacrement de la cathédrale Saint-Bavon.

Plus de détails sur la restauration via L'Institut Royal du Patrimoine Artistique