Le Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK Gent) expose toutes les œuvres de Gustave Van de Woestyne (1881-1947) qui sont en sa possession. Quelques donations récentes, venues sensiblement étoffer la collection d’œuvres de cet artiste d’origine gantoise que possède le MSK, ont servi de prétexte à la présentation.
Le cœur de la collection Gustave Van de Woestyne
Le lien qui unit l’artiste Gustave Van de Woestyne au musée gantois ne date pas d’hier. Dès 1913, le musée faisait l’acquisition du Portrait de Prudence De Schepper (1910), l’épouse de l’artiste. Dans le courant du XXe siècle, d’autres tableaux ont rejoint la collection, comme Paysan (ou Le Soir, 1910), Jeune Paysanne (1913), Héberger les voyageurs (1920), Le Christ dans le désert (1939) et – en 1991 – Fugue (1925). Au début du XXIe siècle, le musée pouvait ainsi se targuer de posséder des œuvres majeures des phases les plus significatives de la carrière de l’artiste. Après 2000, l’attention du MSK s’est portée sur l’œuvre graphique de Van de Woestyne, avec notamment l’achat de dessins préparatoires pour l’adaptation de Streuvels de l’épopée en moyen néerlandais Reinaert de Vos, mais aussi l’acquisition du portrait dessiné probablement le plus connu de l’artiste, celui de son frère, le poète-écrivain-critique Karel van de Woestijne (1910).
Les principales donations récentes
Grâce aux donations de ces dernières années, le musée peut présenter un aperçu encore plus large de l’œuvre de l’artiste, en illustrant même la première phase de sa carrière. Le musée est ainsi récemment devenu propriétaire du tout premier autoportrait connu de Van de Woestyne, réalisé vers 1899-1900, alors qu’il était encore étudiant à l’Académie des Beaux-Arts de Gand (ou venait tout juste d’y terminer sa formation).
Jusque là, il manquait au musée un tableau de Van de Woestyne datant des années décisives passées à Laethem-Saint-Martin, au bord de la Lys, entre 1900 et 1909. Grâce au legs De Blieck de 2016, le musée peut désormais présenter un exemple typique de cette période : le portrait de Deeske Cnudde (1902). Le tableau est un des tout premiers portraits de la carrière de Van de Woestyne et fait partie d’une série dans laquelle l’artiste transforme cet ouvrier agricole en un archétype : celui de l’être humain indissociablement lié à la terre. Une précieuse lithographie datant des années laethemoises de Gustave a également rejoint la collection du musée, La ferme ‘t Walleke à Wingene. Dans cette représentation de la ferme où a grandi la mère de Guido Gezelle, Van de Woestyne reprend la typologie médiévale de l’hortus conclusus, le jardin clos, une allégorie traditionnelle de la pureté de Marie doublée d’une référence au Jardin d’Eden.
Le musée a en outre reçu du matériel d’étude tout à fait exceptionnel et rare datant des années 1920 et 1930. Des études de tableaux comme Le Violoniste aveugle, Notre-Dame des sept Douleurs et Le Baiser de Judas permettent de mieux appréhender la méthode de travail de Van de Woestyne. Ces dessins sont désormais complétés, également grâce à des donations, par des gravures de l’artiste, entre autres plusieurs lithographies, mais aussi du matériel d’étude ainsi que la maquette du livre Le Roi Albert et son temps, illustré par Gustave Van de Woestyne (1932).
Karel et Gustave
Les donations d’écrits personnels de l’artiste, enfin, sont tout aussi importantes, et le musée est heureux de pouvoir les montrer cet été. La pièce la plus marquante est le manuscrit original des souvenirs que Gustave a consacrés vers 1930 à son frère Karel. Ce manuscrit a été édité en 1979 sous le titre « Karel en ik », Karel et moi. L’artiste nous fait le récit désarmant des années qu’il a passées en compagnie de son frère, d’abord pendant leur enfance à Gand et ensuite à Laethem-Saint-Martin. Tout comme son frère Karel, Gustave était obsédé par son histoire familiale. Il a dressé son arbre généalogique dans plusieurs écrits, faisant remonter sa famille, avec l’imagination qui le caractérisait, jusqu’au milieu du XIVe siècle, et se découvrant en outre des racines nobles. Peu lui importait que la branche de la famille noble Van de Woestyne se soit éteinte avant la Révolution française, et n’ait donc pas pu avoir de lien avec sa famille gantoise. Ces écrits sont également repris dans le cadre de la présentation de la collection.
Parallèlement à la présentation de la collection, le Davidsfonds publie en été 2020 Karel en ik. Memento van Gustave Van de Woestyne, dans une édition dirigée par Johan De Smet, Leo Jansen, Peter Theunynck et Hans Vandevoorde.