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Erich Heckel en Flandre

Exposition
12.10.24 – 26.01.25

Erich Heckel Fruhling

Cet automne, le Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK Gent) consacre une exposition à l’artiste allemand Erich Heckel (1883-1970). Heckel a été une des grandes figures de l’expressionnisme allemand et le cofondateur de l’association artistique Brücke. Pendant la Première Guerre mondiale, il a travaillé comme infirmier de la Croix Rouge à Roulers, Ostende et Gand. Sa fascination pour les villes et les paysages flamands prend forme dans des œuvres parlantes : romantiques et expressives, spirituelles et tangibles, et surtout porteuses d’espoir. À travers cette exposition monographique, le MSK met en lumière une période méconnue, mais tout à fait passionnante, de la carrière de cet artiste de premier plan.

À partir de la fin du xixe siècle, de jeunes artistes allemands s’opposent à la fugacité de l’impressionnisme. L’association artistique Die Brücke voit le jour à Dresde en 1905. Erick Heckel, qui a alors 22 ans, en est l’un des cofondateurs. Ce groupe d’artistes autodidactes nourrit l’ambition d’exprimer, dans un style commun fait de couleurs vives et de formes anguleuses, une intense joie de vivre. Le style est baptisé expressionnisme : l’artiste s’efforce de rendre, par la forme et la couleur, la vie émotionnelle intérieure au lieu de la réalité objective.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Heckel est un jeune trentenaire. Il jouit néanmoins déjà d’une solide réputation en Allemagne. Pendant la guerre, il découvre la Flandre. Il se rend à Gand, Roulers et Ostende en tant qu’infirmier de la Croix Rouge. Sur le train sanitaire organisé par Walter Kaesbach, un conservateur de la Nationalgalerie de Berlin, on trouve encore d’autres peintres et écrivains. C’est ainsi que l’hôpital de fortune installé dans la gare d’Ostende devient une véritable colonie d’artistes. Heckel y fait la connaissance de James Ensor et noue une amitié particulière avec son collègue infirmier le jeune poète Ernst Morwitz, dont l’univers littéraire exercera une influence importante sur son travail plastique.

Pendant la guerre, les activités artistiques d’Heckel se poursuivent normalement. Comme il est difficile de se procurer du matériel de peinture, il se débrouille avec ce qui lui tombe sous la main : de la grosse toile et de la tempera diluée. Pour ses gravures sur bois, il utilise du bois d’acajou de récupération provenant des lambris de la salle des pas perdu de la gare. Pendant ses permissions en Allemagne, Heckel continue à travailler, prend contact avec des collectionneurs et monte des projets d’expositions.

Entre deux obligations à accomplir, les membres de la colonie d’artistes ont suffisamment de temps pour se consacrer à leur art. Outre quelques tableaux, bon nombre de gouaches, aquarelles, dessins et gravures ont été conservés : des vues de Roulers, Ostende et Gand, parfois agrémentées de personnages pittoresques et de baigneurs, mais aussi des natures mortes, des paysages et des marines. En dépit du contexte historique, la portée du séjour d’Heckel en Flandre ne se résume pas à la Première Guerre mondiale. Heckel n’est pas un « artiste de guerre », mais un infirmier qui est principalement actif derrière la ligne de front. En tant que dessinateur, il fait d’innombrables croquis des lieux qu’il visite et des gens qu’il observe. En tant que peintre, il est surtout impressionné par le paysage flamand et par la mer du Nord, avec leurs amas nuageux si particuliers à travers lesquels la lumière tente toujours de percer : des motifs qui lui semblent tout à la fois étranges et familiers. Les paysages flamands rappellent la période des débuts de Die Brücke, où Heckel et ses amis Ernst Ludwig Kirchner et Karl Schmidt-Rottluff s’adonnaient à la peinture en plein air.

Le MSK possède un ensemble – petit mais de qualité – d’œuvres expressionnistes allemandes, notamment une vue de Bruges réalisée par Heckel en 1917. À travers cette exposition monographique, rendue possible par de précieux prêts issus de collections allemandes, le MSK met en lumière une période méconnue, et pourtant tout à fait passionnante, de la carrière de cet artiste de premier plan. Enthousiasmé par le paysage flamand et inspiré par les centres d’intérêt artistiques et littéraires de ses compagnons de corps, Heckel a réussi à donner une expression personnelle à son expérience particulière de la Première Guerre mondiale. Ses paysages typiquement flamands sont romantiques et expressifs, spirituels et tangibles, nostalgiques et en ces temps difficiles surtout porteurs d’espoir.

1883
1904-1905
Janvier–mars 1915
Mai 1915
Novembre 1915
Mars 1916
Mai 1916
Noël 1916
Mei 1917
Novembre 1917
Octobre 1918
Novembre 1918
1924
1970

1883

Reinhold Erich Heckel est né le 31 juillet à Döbeln, en Saxe. Son père, Wilhelm Julius Heckel, était ingénieur des chemins de fer ; sa mère, Margarete Elisabeth Barth, venait d’une famille d’industriels de Thuringe.

1904-1905

En avril 1904, il s’inscrit à la Königlich Sächsische Technische Hochschule de Dresde pour étudier l’architecture. Parmises condisciples figurent Ernst Ludwig Kirchner et Fritz Bleyl, suivis un an plus tard par Schmidt Rottluff. Avec des modèles amateurs, ils pratiquent ce que l’on appelle le Viertelstundenakt, dans lequel le modèle prend une pose différente toutes les 15 minutes, avec l’intention d’esquisser l’essence des poses constamment changeantes d’une manière spontanée et intuitive. Le 7 juin 1905, les quatre amis Bleyl, Heckel, Kirchner et Schmidt Rottluff créent le « Künstlergruppe Brücke ». Dans leur programme, ils expriment leur « foi dans le développement et dans une nouvelle génération de créateurs et d’amateurs » et « nous lançons un appel à tous les jeunes » pour qu’ils se distancient « des pouvoirs établis et plus anciens.

Janvier–mars 1915

Après la déclaration de guerre de l’Allemagne, les faits se succèdent rapidement. De retour à Berlin, Heckel se porte volontaire pour le service militaire. En raison du grand nombre de jeunes recrues, il est refusé. Il répond alors à l’appel de la Croix-Rouge et reçoit une formation théorique et pratique d’infirmier. À la mi-janvier, Heckel commence à Berlin en tant qu’infirmier volontaire. Pour la première fois, il est confronté avec des soldats gravement blessés. Pendant six semaines - avec des journées de travail allant jusqu’à 14 heures - il s’occupe, entre autres, de patients souffrant de traumatismes dus aux obus. Kaesbach dirige la Sanitätseinheit, un groupe qui comprend également les peintres Max Kaus, Anton Kerschbaumer, Otto Herbig et le poète Ernst Morwitz. Le 7 mars, le groupe se rendra en train à Roulers en passant par Cologne, Bruxelles et Gand.

Mai 1915

Le 15 mai, la section de Kaesbach est relevée et transférée à Ostende, où une zone de transit pour les soldats malades et blessés a été mise en place à la gare d’Ostende Ville. Bien qu’ils y restent en charge du transport des soldats blessés, leur tâche principale est de s’occuper des soldats « sains », dont de nombreux fusiliers-marins stationnés sur la côte. Depuis le début de l’occupation, la ville s’est transformée en port de guerre presque imprenable et est régulièrement bombardée par les Alliés.

Novembre 1915

Le peloton de Kaesbach est logé à l’hôtel Ellen sur l’avenue Van Iseghem. De sa fenêtre, Heckel aper çoit la boutique de la mère de James Ensor. Tous deux se sont certainement déjà rencontrés en mars de la même année, mais leur « voisinage » intensifie leur relation. Heckel soutient pleinement l’artiste, négocie la vente de ses œuvres à des collectionneurs allemands et tous deux échangent des œuvres

Mars 1916

Heckel séjourne à Gand jusqu’au début du mois d’août 1916. À la gare Saint-Pierre, il est chargé d’organiser la Krankensammelstelle, un point de collecte pour les blessés et les malades. Outre des peintures, Heckel réalise surtout des lithographies, contrairement aux xylographies de sa première période ostendaise. On sait peu de choses sur ses déplacements, mais il a visité l’atelier de George Minne dans la Holstraat et celui d’Albert Baertsoen sur la Coupure, que Georg von Wick, le Kommandant de Gand, avait confisqué.

Mai 1916

Les jours de beau temps, Heckel aime se promener de Gand à Laethem-Saint-Martin, où il rend visite à Albijn Van den Abeele et Albert Servaes. Fin mai, l’état-major est réorganisé et Heckel est chargé de la section. Dans ses nouvelles fonctions, il fait régulièrement la navette entre Ostende et Gand et se rend lors de ses missions à Aix la Chapelle, Bruxelles et Tervuren, entre autres. Il visite Namur, Dinant, Charleville-Mézières et Rethel.

Noël 1916

A l’instar de la Madone d’Ostende réalisée en 1915, le cercle d’artistes a l’idée de créer une œuvre collective pour Noël, un triptyque ayant pour thème l’Adoration des Bergers ; Heckel s’occupe des panneaux latéraux.

Mei 1917

Après l’hiver particulièrement rigoureux de 1916-17, Ostende subit des tirs de plus en plus nourris au printemps, les bombardements devenant de plus en plus intenses au fil de l’année. Heckel est chargé de la construction d’un abri antiaérien, qui prend toutefois beaucoup de temps. Pour se protéger des raids aériens, les fenêtres de la gare doivent également être obscurcies. En guise d’alternative, le groupe d’artistes y peint des figures, des motifs décoratifs et presque abstraits. Heckel étudie longuement l’œuvre de l’écrivain romantique allemand Jean Paul. Son roman Titan lui inspire pour plusieurs tableaux.

Novembre 1917

Une vaste exposition de 126 œuvres de Heckel, dont 23 tableaux de sa période flamande, se poursuit au Kunstsalon Ludwig Schames à Francfort-sur-le-Main. Comme toutes les autres expositions de ses œuvres pendant la guerre, Heckel n’a pas pu voir celle ci non plus

Octobre 1918

Le 1er octobre, les Allemands commencent à préparer leur départ d’Ostende, qui se concrétise quinze jours plus tard. La retraite est très chaotique : le 20 octobre, Heckel est à Gand, dix jours plus tard à Lokeren ; il ne quitte Anvers que le 15 novembre. Il arrive à Berlin le 20 novembre.

Novembre 1918

Heckel est cofondateur de l’Arbeitsrat für Kunst et membre temporaire du Novembergruppe. La Galerie nationale de Berlin acquiert deux tableaux de sa période flamande.

1924

En automne, Heckel retourne en Flandre avec Siddi. À
Ostende, ils rendent visite à Ensor. La même année, il pein un premier portrait de l’artiste ostendais (détruit en 1944). En 1930, il réalise une deuxième version.

1970

Heckel meurt le 27 janvier à Radolfzell am Bodensee.