J’ai fait la connaissance de Gustave van de Woestijne à Waregem, où il vivait dans la Maison rose. Il était alors dans sa période mystique. Nous sommes devenus de très bons amis, même si Gustave n’était pas un gars facile. Je ne l’ai par exemple jamais vu en train de travailler, car on n’entrait pas chez lui. Quand il voyait quelqu’un approcher de sa maison, vite il se changeait, sortait de la maison, disait qu’il voulait justement faire un tour dehors et emmenait son visiteur avec lui. C’était paradoxal quand on songe que, dans l’entrée de sa maison, dans le couloir, il y avait une superbe fresque qui représentait l’hospitalité : Gustave van de Woestijne invitant un mendiant à entrer. Mais aucun être humain n’entrait chez lui, car il avait aussi un grand chien qui vous en empêchait, et il y avait un gros cadenas sur la porte d’entrée. C’était un drôle de gars.
Jules De Sutter, 1967 [1]