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Masques médicaux s’inspirant d’Ensor

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L’association de lutte contre le cancer Kom op tegen Kanker a demandé au professeur Tessa Kerre, médecin à l’UZ Gent, de mettre sur pied avec quelques patients, dans le cadre de son initiative « Kunst aan bed » (L’art au lit), un projet artistique intime s’inspirant de James Ensor.

Tessa Kerre a mis l’artiste textile Sara Plantefève-Castryck en contact avec deux patients, Maggy et Tore, qui ont porté un masque de radiothérapie pendant leur traitement contre le cancer. Les masques de radiothérapie sont des moulages personnalisés du visage qui immobilisent les patients pendant la séance de radiothérapie. L’artiste Sara a noué le dialogue avec Maggy et Tore à propos de leur parcours thérapeutique. Ensor jetait de temps en temps un coup d’œil par-dessus leurs épaules.

« Ce masque me rend fière, montre au monde mon moi véritable, car l’expression des émotions est une force. »

Maggy (54)

Témoignage de Maggy (54 ans)

Les larmes coulent à flot lorsque j’apprends que j’ai le cancer. Depuis 2015, je me bats contre un cancer du sein. En 2018, on me diagnostique un lymphome dans le côté, et en 2022 un lymphome au cerveau. J’ai chaque fois été traitée avec des rayons et de la chimio, ce qui était très lourd. Mais au milieu de la douleur et de la tristesse, une étincelle d’espoir brille. J’ai donc fait de mon masque de radiothérapie une œuvre d’art qui montre mes vrais sentiments. Avec des larmes et des rires, avec de l’amour et de la souffrance, pour laisser libre cours à mes émotions. Ce masque me rend fière, montre au monde mon moi véritable, car l’expression des émotions est une force. Sans l’amour inconditionnel de mon mari Dirk, le soutien de mes parents et les papotes avec ma sœur Elsy, cela aurait été beaucoup plus difficile.

Témoignage de Tore (25 ans)

Il y a trois ans, alors que je faisais mes études d’ingénieur industriel en électromécanique, ma vie a basculé. On m’a diagnostiqué un myélome plasmablastique, une forme rare et agressive de cancer, encore inconnue il y a peu. Brusquement, je n’étais plus un étudiant insouciant comme les autres, mais un patient en phase terminale dans un trajet de soins palliatifs. Le fait que j’aie attrapé ce cancer inconnu si jeune me met devant un terrible défi. Ces dernières années, j’ai subi des traitements dans tous les sens : des séances intensives de radiothérapie, mais aussi d’autres thérapies, mon corps a dû tout supporter. Mais le cancer a continué de se manifester, parfois à des endroits inattendus comme dans mon système nerveux central, ce qui était en soi une épreuve sans précédent.

« Le masque que j’ai fabriqué symbolise la complexité de mes expériences depuis le diagnostic. »

Tore (25)

Tessa Kerre m’a donné l’occasion de participer à ce workshop. Le masque que j’ai fabriqué symbolise la complexité de mes expériences depuis le diagnostic. Les multiples paires d’yeux et le bandeau représentent ma quête d’identité et mon rapport à moi-même et à autrui. À mon âge, je devrais normalement aller au-devant d’un avenir rempli de possibilités, mais pour moi l’avenir est devenu obscur, un concept abstrait que je dois aborder autrement.

Les symboles sur les épaules représentent la recherche d’un nouvel équilibre, entre ma santé physique et ma santé mentale, entre mes rêves et la réalité de ma maladie. Les lignes rouges et noires sur le masque symbolisent cette lutte intérieure. Les lignes noires évoquent la maladie, la douleur et les défis auxquels je suis confronté, tandis que les lignes rouges représentent des perspectives nouvelles et la force de mon combat intérieur. Tessa Kerre a trouvé des mots percutants pour exprimer ce que je vis : beaucoup de choses ne sont plus possibles pour moi à cause de ma maladie, mais ce workshop est quelque chose que je peux justement faire grâce à ma maladie.