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Découvrez le travail de Hanne, restauratrice bénévole des œuvres sur papier à la bibliothèque du MSK et au cabinet des estampes

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Le MSK possède une impressionnante collection d’œuvres sur papier, et la bibliothèque du musée compte aussi une réserve précieuse de livres de grande valeur, revues historiques, etcetera. Chaque semaine, Hanne Moris, experte en restauration du papier, s’occupe bénévolement de cette collection et veille à ce que les œuvres conservées au MSK le soient dans les meilleures conditions possibles. Elle n’a pas son pareil pour fabriquer de superbes boîtes d’archivage et sait comment lutter contre les moisissures, les déchirures ou encore la pourriture rouge. En compagnie de Sofie, collaboratrice à la bibliothèque, nous scrutons son travail.

D’où vient votre passion pour la restauration du papier, et comment vous êtes-vous retrouvée au MSK ?

Hanne : J’ai étudié la restauration du papier et des livres, et j’ai travaillé pendant des années dans l’atelier de restauration du musée Plantin-Moretus à Anvers puis, à partir de 2000, pour le service chargé de la gestion et de la conservation des collections de l’ensemble des musées de la ville d’Anvers. J’ai toujours eu un faible pour le MSK. J’ai déjà travaillé ici, dans la bibliothèque, en 1986, pour Jan Hoet, à l’époque où le Musée d’Art contemporain était encore installé ici. Après ma retraite, je n’ai pas voulu rester inactive. J’ai de très bons souvenirs de ce bâtiment et j’ai un lien spécial avec la collection : en concertation avec les restaurateurs du MSK, j’ai donc cherché à me rendre utile en tant que bénévole. Comme dans tous les musées, il y a ici pas mal d’œuvres et de dessins qui ont besoin d’un traitement, mais qui n’ont juste pas assez de valeur pour qu’on confie cette tâche à des restaurateurs externes, et c’est là que je peux apporter mon aide. J’interviens pour réparer de petites déchirures, pour des nettoyages ou encore pour des traitements destinés à préparer des objets pour une exposition, par exemple.

Vous êtes aussi une véritable spécialiste de la fabrication de boîtes d’archivage.

Sofie : Des boîtes magnifiques. Je suis carrément jalouse de ce qu’elle arrive à faire (rire).

Hanne : Je fais ça depuis longtemps pour le MSK, depuis une vingtaine d’années je pense. Je fabrique des boîtes pour des dessins, des estampes, des livres… Il y a des années, j’ai par exemple fabriqué cette boîte destinée à contenir des estampes d’Ensor.

Sofie : Les boîtes faites sur mesure assurent une conservation optimale. L’œuvre reste toujours parfaitement à sa place, et en plus les boîtes sont pratiques pour l’attribution de codes-barres. Ces codes permettent de suivre tous les mouvements de l’œuvre : de la réserve vers la salle et vice versa, mais aussi lorsque l’œuvre est prêtée à un autre musée pour une exposition.

Vous concevez ces boîtes de A à Z ?

Hanne : Oui, chaque boîte est entièrement faite sur mesure. Je découpe les différentes parties de la boîte dans du carton non acide : les côtés, le fond et le couvercle. J’assemble ensuite le tout, et je recouvre moi-même la boîte de tissu. C’est beaucoup de travail. Ces boîtes-ci, par exemple, je les ai faites sur mesure pour les carnets de croquis de George Minne et Hippolyte Boulenger. Lorsqu’ils sont conservés dans de telles boîtes, tout le monde les manipule aussi avec plus de précaution.

Comment décidez-vous que telle ou telle chose doit être restaurée ?

Hanne : Ici, en principe, je ne restaure pas, je ne fais que nettoyer les œuvres. Je regarde s’il y a de petites déchirures qui peuvent s’aggraver, et j’interviens si les œuvres doivent être manipulées ou montrées, par exemple. Je vérifie aussi si le support sur lequel elles sont collées ou le passe-partout qui les entoure ne s’est pas acidifié.

Comment nettoyez-vous les œuvres ?

Hanne : Je les nettoie avec une éponge sèche ou avec une peau de chamois qui permet d’enlever beaucoup d’impuretés. Avec une éponge on a moins de contrôle, avec une peau de chamois on peut agir très délicatement.

Sofie : Il existe aussi une gomme en poudre avec laquelle on peut nettoyer ?

Hanne : Effectivement. Mais à une journée d’étude récente sur les méthodes de nettoyage, la gomme en poudre a plutôt été déconseillée parce qu’elle s’incruste dans l’œuvre. Il faut enlever très minutieusement les résidus de gomme, sinon ils peuvent endommager l’œuvre.

Pouvez-vous donner un exemple d’une de vos interventions récentes ?

Hanne : Parfois, Joost fait le tour de la collection et il tombe sur quelque chose où il me demande d’intervenir, comme ce papier peint de Victor Servranckx. Lorsque nous avons retourné un des morceaux de papier peint, nous avons constaté la présence d’un dépôt noir qui nous a inquiétés. Ce pourrait être de la moisissure.

Existe-t-il des tests spécifiques à effectuer pour le déterminer ?

Hanne : Oui, il faut tester si la moisissure est active. Si elle l’est, nous devons la traiter, sinon il suffit de nettoyer. On peut faire le test avec un kit ARA (un coton-tige et un petit tube). On prélève un échantillon avec le coton-tige et on le glisse ensuite dans le tube contenant le bouillon de culture. On place le tout dans un « incubateur » à une température constante de 30°. Après une semaine, on peut voir s’il y a de la moisissure. On le remarque aux poils qui se forment.

Quels sont les signes de vieillissement du papier les plus fréquents?

Hanne : La moisissure est un problème courant, qui touche non seulement les œuvres sur papier, mais aussi les livres.

Sofie : Nous surveillons de près tout phénomène anormal qui se produit dans la collection précieuse. À un moment donné, j’ai remarqué une sorte d’effritement de certaines reliures et nous avons demandé à Hanne de déterminer à quoi c’était dû : une friabilité du cuir de la reliure, éventuellement de la moisissure, ou autre chose encore ? Il s’est avéré que c’était de la pourriture rouge.

Hanne : La pourriture rouge touche un certain type de cuir qui a été tanné autrement, comme la basane par exemple. C’est du cuir qui tombe en miettes, pourrait-on dire, du cuir qui a été exposé à des températures trop élevées par exemple. Sur certains livres, des morceaux de reliure se détachaient simplement. Ici, la partie inférieure du dos du livre était carrément partie. J’ai donc commencé par fixer le dos, de manière à ce que des fragments ne puissent plus s’en détacher. Puis j’ai collé du papier japonais sur celui-ci et j’ai entouré le tout d’un bandage bien serré. Ensuite, je fais éventuellement quelques retouches avec de l’aquarelle et je laisse bien sécher. Je fixe enfin avec de la cire microcristalline.

Pour terminer, quelle formation conseilleriez-vous à quelqu’un qui veut apprendre le métier ?

Hanne : Dans la plupart des formations, on a surtout beaucoup de théorie mais peu de pratique. On peut étudier cette matière à La Cambre à Bruxelles, à l’UAntwerpen ou à Syntra West à Bruges, mais il est surtout important de se former par la pratique et de faire notamment un maximum de stages.