Près de deux ans plus tard, lors de l’acquisition du dessin qui portait alors encore le titre À la mer, mais qui est en fait une compilation des œuvres La Naissance d’Aphrodite à Ostende (1922), Aventure (1924) et La Vie (1924), Vermeulen consulte à nouveau Langui. Dans sa réponse, le connaisseur de Van den Berghe explique en détail son étonnement devant la façon dont l’artiste a fondu les compositions distinctes en un nouvel ensemble, comment certains détails des œuvres originales ont été gommés ou au contraire agrandis dans le dessin, comment certains personnages ont adopté une autre pose pour s’intégrer parfaitement dans le nouvel ensemble, etc. Et Langui de conclure : « Pourquoi F.v.d.B. a-t-il composé ce genre de synthèse ? Cela reste pour moi un mystère : une faveur à un ami ou un besoin d’argent ? Qui sait3 ? »
Vermeulen a également fait appel à Langui pour d’autres artistes de sa collection, par exemple Jean Brusselmans.
Classiquement contemporain
La troisième partie de la collection de Vermeulen comprend des œuvres d’artistes qui ont surtout été actifs après la Deuxième Guerre mondiale. Sa préférence marquée pour les classiques de l’art du XXe siècle, qu’il a découverts en fréquentant la scène belge et internationale de l’art et le milieu des galeries dans les années 1950–60, allait l’amener plus tard à acquérir lui-même des œuvres d’artistes comme Karel Appel (1921–2006), Jean Dubuffet (1901–1985), Hans Hartung (1904–1989) et Serge Poliakoff (1900–1969). Il aimait évoquer les relations étroites qu’il entretenait avec des amis collectionneurs comme le neuropsychiatre gantois Roger Matthys, qu’il voyait régulièrement4. Il appréciait beaucoup l’enthousiasme de son confrère, mais affirmait sur un ton décidé qu’il préférait mettre ses propres accents et, concernant les œuvres qu’il rassemblait autour de lui dans son cadre de vie, faire des choix plus prudents, moins extrêmes, laissant échapper de temps en temps qu’il ne voulait « pas aller aussi loin » que certains de ses amis. Il achetait la plupart du temps les œuvres dans son propre pays, mais se rendait également à Paris pour les obtenir. Son caractère de collectionneur prudent, mais aussi soucieux de prendre soin des œuvres qu’il possédait, transparaît dans le fait qu’il recherchait l’expertise nécessaire pour contextualiser ses achats et les garder en bon état.