Rombouts avait une réputation bien établie dans le milieu artistique anversois. Après s’être formé auprès du peintre Abraham Janssen (vers 1575-1632), il émigre au début du xviie siècle en Italie, où il s’inspire du peintre révolutionnaire Michelangelo Merisi da Caravaggio (1571-1610) et de son principal suiveur, Bartolomeo Manfredi (1582-1622). De retour à Anvers, il se forge une identité artistique bien à lui. Rombouts réussit à marier avec brio les influences du Nord et du Sud et devient le spécialiste des figures caravagistes dans des tableaux de genre monumentaux. Bien que sa peinture ait été très appréciée de son vivant, après sa mort, son héritage artistique tombe rapidement dans l’oubli. L’exposition dévoile la personnalité artistique de Rombouts et place son œuvre dans une nouvelle perspective.
Le tableau de Rombouts intitulé Allégorie des cinq sens est sans conteste une de ses créations les plus virtuoses. Le peintre a réalisé l’œuvre en 1632, à la demande de son mécène, l’évêque Antoon Triest (1577-1657). C’était indubitablement un des fleurons de sa vaste collection d’art. Le tableau est une des rares représentations allégoriques dans l’œuvre de Rombouts. Cinq figures masculines – des hommes du peuple – incarnent les cinq sens. Le vieil homme à gauche dans la composition, avec un binocle et un miroir en main, représente la vue. Le musicien qui regarde en l’air et joue du théorbe incarne l’ouïe. Au centre, un aveugle, qui représente le toucher, palpe une sculpture antique. Le personnage au torse à moitié dénudé, qui tient un verre de vin dans une main et une carafe dans l’autre, incarne le goût. Quant au jeune qui se tient debout à droite, il fait allusion à l’odorat, comme l’indiquent ses attributs : une pipe et une tresse d’ail.