Portrait du professeur Leo Van Puyvelde, 1917

Au début de la Première Guerre mondiale, Gustave De Smet et Frits Van den Berghe se sont enfuis aux Pays-Bas. Tous deux ont rapidement fait partie de la scène artistique d'Amsterdam, dans laquelle le peintre Leo Gestel était leur guide. Avec son ami André de Ridder, De Smet se laisse fasciner par l'avant-garde européenne, par exemple au Stedelijk Museum et dans le cercle artistique De Onafhankelijken (Les Indépendants), où exposent notamment Chagall, Braque, de Chirico, Léger, Matisse et Kandinsky. De Smet est également abonné au périodique Das Kunstblatt, dans lequel l'art de l'expressionnisme allemand est discuté et abondamment illustré. De Smet quitte Amsterdam en août 1916 et s'installe à Blaricum, un village d'artistes à Het Gooi. Avec De Ridder et d'autres, l'artiste joue un rôle important dans la création du cercle Open Wegen (Voies ouvertes) en 1917, qui réunit les forces progressistes belges en exil néerlandais. Le Portrait de Leo van Puyvelde a été créé dans une période de transition, au cours de laquelle De Smet a cherché à assimiler l'influence du fauvisme et de l'expressionnisme. L'artiste a placé la silhouette de l'historien de l'art Van Puyvelde sur un fond indéterminé. De Smet a poussé la liberté technique à l'extrême, notamment en ce qui concerne le visage, qui est peint à grands coups de pinceau. Dans la palette de couleurs, cependant, l'artiste n'a pas cherché le contraste expressionniste, mais a laissé les tonalités douces s'harmoniser. Leo van Puyvelde (1882-1965), est principalement connu comme le conservateur en chef des Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, dont il a été le directeur de 1927 à 1947. Van Puyvelde avait également des liens étroits avec Gand ; depuis 1912, il était chargé de cours, puis professeur, à l'université. On sait moins qu'avant la guerre, il a joué un rôle important dans la lutte d'émancipation des Flamands. Pendant la Première Guerre mondiale, il a attiré à plusieurs reprises l'attention sur l'art des exilés belges aux Pays-Bas ; en 1919, il a été le premier à consacrer une étude aux Belges aux Pays-Bas, "De Belgische schilders in Holland [Les peintres belges en Hollande]". Il a été l'un des premiers défenseurs de l'œuvre expressionniste de De Smet, en tant que critique dans la revue Onze Kunst et le journal De Amsterdammer, entre autres. Van Puyvelde, qui travaillait à l'ambassade de Belgique à La Haye pendant les années de guerre, a également joué un rôle actif de médiateur dans les expositions organisées par De Smet au cours de ces années. Bien qu'il se soit spécialisé dans l'art ancien, il a suivi de près l'art contemporain.