La Mort poursuivant le troupeau des humains, 1896

Chassé par des squelettes équipés de faux, un troupeau de personnes se presse dans les rues étroites d'une ville. Tout le monde semble être la proie de l'homme à la faux qui plane de manière menaçante au-dessus de la foule : autorités, clergé, soldats, commerçants, travailleurs, etc. La mort ne se contente pas de s'introduire dans l'immeuble, où une orgie est en cours, mais elle frappe également la femme enceinte qui se trouve sur le côté droit du balcon. Sous une ironie souriante, deux groupes flottent en haut à gauche et à droite, symbolisant peut-être le paradis et l'enfer. Le squelette se voit ici attribuer un rôle central pour la première fois dans l'œuvre d'Ensor. Cette représentation s'inscrit dans une tradition remontant au Moyen Âge, celle du triomphe de la mort. Dans cette gravure relativement petite, il combine ce thème avec une abondance de motifs ensoriens. Il a peut-être tiré cette foule de l'agitation sociale récurrente des années 1880. Le thème de la mort revient avec plus ou moins d'intensité dans l'œuvre d'Ensor à partir de 1887, année de la mort de son père et de sa grand-mère. À quelques détails près, la gravure est identique au dessin du même nom de 1887 (Anvers, Musée royal des Beaux-Arts, inv. 2741).