La Chute des saints (étude préliminaire), 1932

Bien que l'œuvre surréaliste de Van den Berghe entre 1928 et 1939 soit très diversifiée sur le plan thématique, on peut certainement y discerner des constantes. Entre autres choses, le thème des figures qui volent, flottent et tombent revient à plusieurs reprises comme une évocation du spirituel. Emile Langui, premier biographe de l'artiste et ami proche, parle d'une compulsion qui a hanté l'artiste pendant des années. Dans La chute des saints, il plonge dans les profondeurs des moines et des corps de femmes nues avec une jubilation vengeresse. C'était sa façon de dénoncer la fausse apparence d'une humanité dépravée. Le fort mouvement des figures et la composition diagonale rappellent le drame baroque de la Chute des damnés de Rubens. Techniquement, la toile porte les traces de l'écriture automatique de Max Ernst. Plus d'une fois nous lui avons demandé, alors qu'il dessinait fébrilement, écrit Langui, ce que devait être la chose, ce à quoi il a répondu, sans la moindre posture, qu'il ne savait pas encore. D'autres auteurs soulignent un autre thème commun à son œuvre, celui de la lutte entre l'homme et la femme. Indéniablement, cette fascination avait des motifs autobiographiques - Van den Berghe a vécu séparé de sa femme et de ses enfants pendant un certain temps - et la lutte des sexes peut également être analysée ici comme un sombre sous-entendu de la peinture.