Laveuses à Etretat, ca. 1890 - ca. 1894

Eugène Boudin est né en 1824, l'année de l'exposition du Salon de Paris qui sera déterminante pour la prise de conscience de l'école de Barbizon. À ce Salon, des artistes romantiques français tels que Delacroix et Géricault et des peintres paysagistes anglais tels que Bonington et Constable ont été exposés. Ceux-ci ont confirmé les peintres de Barbizon dans leur nouvelle vision de la peinture de paysage et ont confirmé la scission entre les classiques et les modernes. Boudin a donc commencé sa carrière de peintre à une époque où les peintres paysagistes modernes avaient déjà marqué la peinture française. Leur influence est grande et Boudin subit également l'effet d'inspiration de ces artistes. Fils de marin, il préférait peindre des paysages marins, dans lesquels une grande attention était portée aux grandes étendues de ciel avec des nuages au-dessus de l'eau et à la lumière qui couvrait tout le paysage. Sous l'influence d'Isabey, Boudin réalise à partir des années 1860 toute une série de scènes de plage, principalement peuplées de bourgeois qui passent leur temps libre sur la côte. Mais les personnes moins aisées, telles que les pêcheurs et les poissonnières, méritent également son attention, comme le montre le cas des lavandières d'Etretat. Cette œuvre a été réalisée au cours de la dernière décennie de sa vie. La division de la composition en trois zones horizontales et parallèles, occupées par le ciel, la mer et la plage, est typique de nombreux tableaux de ce type. Le sens de l'effet atmosphérique de la lumière naturelle annonce l'impressionnisme. La lumière froide et argentée et les tons ternes et pâles sont égayés ici et là par le blanc des capuchons et le rouge des vêtements au premier plan. La simplification de la forme et la facture libre et suggestive donnent à cette petite œuvre, malgré son élément anecdotique, une valeur d'expression plus large et plus durable.